UN SENTIMENT  : Je dirais le bonheur, tout simplement. Je suis un homme heureux, bien dans ses baskets et qui ne demande qu'à découvrir le mone. UNE COULEUR : le vert, il parait que c'est la couleur de l'espoir pas vrai? UNE MATIÈRE SCOLAIRE : les sortilèges, une passion qui m'anime depuis que je suis enfant UN RÊVE : ça ferait un peu cliché que je vous réponde la paix dans le monde, alors je vous répondrais bien que mon plus grand rêve serait d'exercer un métier qui me permette de voir le monde. UN ÉLÉMENT : le feu, synonyme de passion, de joie de vivre, de confiance en soi UN SORT : Quand j'étai enfant, c'était sans nul doute le crache-limace. ça me faisait rire de voir mes camarades cracher de grosses limaces dégoûtantes. Aujourd'hui, celui que j'utilise le plus souvent, le plus pratique des sorts selon moi, c'est le recurvite. Et vous pouvez me croire, quand vous devez nettoyer des maisons pendant des heures, c'est bien utile!   UNE POTION : Felix Felicis. Ne rêvons-nous pas tous à avoir un peu de chance et de bonheur dans sa vie? Bien entendu, elle est extrêmement complexe à préparer et peut vit devenir dangereuse, alors à utiliser avec beaucoup de précaution... UNE RELIQUE DE LA MORT : Je dirais la cape d'invisibilité. Qui ne rêve pas de se rendre invisible pour faire des choses pas toujours catholiques? Moi, je voudrais cette cape pour pouvoir aider certaines personnes sans que ça ne puisse nuire au statut de mes parents. Si ce statut ne m'intéresse pas moi, je ne veux pas gâcher leur vie à eux.   UN PÉCHÉ CAPITAL : La gourmandise, sans le moindre doute. C'est mon pire défaut, je ne peux pas m'empêcher de manger quand je vois une chose qui me donne envie. J'ai toujours de la nourriture en main, que ça soit un fruit ou un biscuit, la gourmandise aura raison de moi un jour.

Seattle, au début de l’été mille neuf-cent quatre-vingt-neuf. Une chaleur étouffante, si peu caractéristique pourtant de la ville à cette période de l’année. Et pourtant, il devenait impossible de respirer, les gouttes dégoulinaient le long des tempes de Valandra Eagles, épouse de Soren Eagles, héritier d’une célèbre famille de sorciers de Sang-Pur ayant pour ainsi dire toujours vécu aux Etats-Unis. Autant vous dire que les trois enfants de la famille partaient avec un avantage certain dans la vie. L’ainé, Caleb, nait il y a vingt-cinq ans donc. Un garçon pour ainé, voilà ce que chaque famille riche désire le plus au monde. Un garçon qui prendra la succession de son célèbre père et pourtant, on ne peut pas vraiment dire que Caleb répond aux attentes sans doute bien trop hautes de ses parents.

Dès sa naissance, ses parents décideront qu’il sera particulièrement doué dans la manipulation des sortilèges. Oh, au début on ne peut pas vraiment dire que les cours de sortilèges qu’il recevra à son domicile intéresseront particulièrement le jeune homme. Il est bien trop occupé à courir dans les jupes de la nouvelle nourrice engagée par sa mère pour le garder, lui mais aussi sa jeune sœur. Caleb est un tombeur, le genre de garçon qui croit que tout lui est dû puisqu’il est le digne héritier d’une des familles de sorciers les plus puissantes au monde. Seulement voilà, s’ils sont particulièrement connus aux Etats-Unis, nulle part ailleurs a-t-on entendu parler de la famille Eagles. Pour que vous compreniez un peu mieux ce qu’il en est, il faut remonter à quelques années, disons il y a trois ou quatre ans. Il faut savoir que la famille de Caleb est assez étendue : il y a son père et sa mère certes, mais son père a également deux frères et une sœur. L’un de ces frères est un homme très sûr de lui, mais qui considère que le reste du monde n’existe pas. Un homme arrogant, très propre sur lui, américain pure souche et fier de l’être, qui n’imagine pas vivre dans une autre partie du monde, au contraire de son frère ainé, le père de Caleb, qui lui avait toujours souhaité voir le monde.
Un rêve tout à fait honorable, mais qui a souvent subi les railleries des autres membres du clan Eagles. Car les Eagles sont un clan qui ne se mêle pas aux autres. Quel est l’intérêt d’avoir un cercle d’amis large si on se suffit à soi-même ? Obligé de grandir dans cet univers d’égoïsme, Caleb s’est pourtant souvent senti en opposition totale avec les décisions ou les comportements pris par sa famille. Il fallait faire bonne figure, même comme cette fois, quand il avait six ans.
Ses parents avaient été invités à une soirée à l’ambassade, et évidemment, malgré sa furieuse envie de jouer avec ses jouets pour enfants à la maison, le petit brun avait été obligé de suivre, accompagné de sa toute jeune sœur, seulement âgée de trois ans. De jeunes enfants obligés de suivre, cela n’avait rien d’étonnant. Mais un gamin de six ans qui doit serrer les mains de toutes ces personnes qu’il ne connait guère, c’était franchement ridicule. Coincé dans son costume de couleur noire, le petit garçon s’ennuyait à mourir.
Alors qu’il était parti se réfugier dans un coin de l’immense manoir, sa mère était venue le voir en lui disant des mots qui étaient restés bien ancrés dans sa tête :
 
« Chéri, un héritier se doit de faire bonne figure, même quand il s’ennuie. Un jour, c’est toi qui recevras toutes ces personnes. »
 
Caleb jeta un œil autour de lui, observa tous ces culs-serrés, et décida que jamais il ne serait l’homme qui les recevrait. Il se fichait pas mal de tout ça lui. Non, ce que le jeune homme voulait, c’était toutes ces jolies femmes, mais certainement pas les cocktails pompeux et les politesses qui allaient avec.
Quatorze ans. Finalement, on s’habitue à ce genre de vie vous ne croyez pas ? Caleb se rappelait que souvent, il s’était dit que jamais il n’apprécierait toutes ces soirées pompeuses mais finalement, on s’y faisait. Les cocktails étaient bons quand on arrivait à les boire discrètement, et les femmes commençaient à faire attention à lui, surtout parce qu’il dépensait son argent à tout va. Quatorze ans dans le monde magique, c’est l’âge auquel on se prépare doucement à entrer à l’école, mais dans le cas de Caleb, c’était sensiblement différent. Et oui, lui avait déjà suivi des cours particuliers à la maison, où il recevait des cours de potions, de sortilèges et d’histoire de la magie.
Caleb et sa sœur n’avaient pas beaucoup d’autres choix, mais au final ça lui convenait parfaitement. Il voulait devenir un homme bien, l’homme que toutes les femmes convoitaient. Il participait à toutes les soirées importantes, mettait un point d'honneur à suivre une éducation au top mais il y avait autre chose. A l’âge de quinze ans, quelques mois avant son entrée dans une prestigieuse école américaine de sorcellerie, Caleb s’était trouvé une nouvelle occupation. Si en société il aimait jouer avec cette image arrogante que tout le monde avait de lui, il y avait un autre côté de sa personnalité qu’il ne montrait qu’à une seule personne : sa sœur. Elle était la seule à savoir que lorsque son frère quittait l’école et faisait croire à tout le monde qu’il se rendait à la bibliothèque, il était dans un tout autre endroit : un centre d’aide aux personnes sans logement. Un endroit où il aidait les personnes bien plus malheureuses que lui. Oh il ne donnait pas son argent, parce que trop souvent c’était un geste qu’on assimilait à de la pitié. Lui, il préférait les aider par un sourire, une conversation ou un bol de soupe. Sans doute que ça pouvait paraître idiot, et c’était pour ça qu’il n’en parlait jamais.
En grandissant, il y avait les cours qui lui prenaient pas mal de temps, mais dès qu’il en avait besoin, il se rendait dans ce centre et se sentait beaucoup mieux. C’était un refuge pour lui, et au bout de trois ans de bons et loyaux services, il décide d’avouer son passe-temps à son père et à sa mère. Pour eux, c’était étrange de savoir que leur fils, leur héritier, préférait donner de son temps pour servir de la nourriture aux pauvres plutôt que de se rendre dans des soirées mondaines.
Au fur et à mesure, à l’âge de vingt ans, Caleb commence à se retirer de la vie publique américaine pour se consacrer à l’aide aux autres. En plus du centre, il s’occupe de clubs d’été pour jeunes sorciers dans lesquels ils s’amusent tous beaucoup. Sans jamais utiliser son argent comme un moyen d’aider les autres, le jeune homme préfère de loin utiliser ses mains et sa tête.
Alors que ses soeurs dépensent leur agent à tout va pour draguer les pus baux garçons, être vues dans les plus beaux endroits du monde, ou encore asseoir leur pouvoir au sein de leur école de sorcellerie, lui devenait de plus en plus humble. Bien entendu, parfois son caractère un peu arrogant pouvait ressortir, mais jamais au grand jamais il ne se comportait mal avec les autres. Il voyait quelqu’un qui venait de faire tomber son sac ? Il fonçait l’aider à les ramasser. Une gamine qui pleurait parce qu’elle ne s’en sortait pas dans son cours de potion ? Il la prenait sous son aile. Un grand qui voulait montrer sa force à un plus petit ? Il s’interposait.
Si chez lui, le luxe était un véritable mode de vie, pour lui c’était devenu un accessoire, qu’il utilisait uniquement si ça pouvait servir d’autres personnes. Ses études se passèrent bien, sans trop de soucis.
Comme toujours chez les Eagles, alors qu’il était enfant, on avait assigné à Caleb la lourde tâche de devenir un véritable champion des sortilèges. Et comme souvent, après avoir déçu ses parents en changeant radicalement de style de vie, le jeune homme avait décidé qu’il pouvait s’appliquer là-dedans. Il avait toujours travaillé très dur, comme si sa vie en dépendait, parce que c’était de toute façon le cas. S’il voulait un bon travail, il devait travailler dur. Avoir le nom d’Eagles ne suffirait pas dans le monde magique.
Pendant cinq ans, ses études se passèrent au mieux. Il traversa chaque année avec talent, jusqu’à ce jour, il y a quelques mois, où leur père leur annonça que pour des raisons professionnelles, il devait quitter les Etats-Unis pour l’Angleterre. Leur mère ne souhaitant pas rester seule avec eux à Seattle, elle avait décidé de le suivre, ce qui impliquait que les trois enfants de la famille devaient suivre aussi.
L’Angleterre… Caleb n’y avait jamais mis les pieds, sa vie ici lui plaisait et il ne savait pas s’il serait capable de reprendre à zéro.
 
Emballer ses affaires, tout mettre dans des caisses, quitter la seule vie qu’il connaissait pour aller dans un pays où personne ne les connaissait. S’il ne doutait pas que ses sœurs tenteraient d’asseoir un certain pouvoir là où elles iraient, lui voyait ça comme le moyen idéal de changer de vie, de pouvoir enfin être la personne qu’il voulait. Ici, personne ne le connaissait, personne ne savait qu’il était issu d’une famille riche. Tout ce qu’il avait à faire, c’était être lui-même.
C’est donc il y a trois mois de ça, à la fin de sa neuvième année, que Caleb arriva avec sa famille en Angleterre. Les premières semaines lui furent utiles pour apprendre à connaitre le pays, rencontrer de nouvelles personnes, et trouver ce qu’il allait bien pouvoir faire de son été. Finalement, il avait rejoint un groupe de personnes qui construisait des logements pour des personnes qui n’avaient pas les moyens de le faire eux-mêmes. Pendant tout l’été, il avait enfin pu devenir la personne qu’il rêvait d’être.
Quand arriva le moment pour lui de rejoindre Lungard, la formidable école de sorcellerie anglaise, il était devenu la personne qu’il souhaitait, un altruiste qui pensait aux autres avant de penser à lui-même, se fichant pas mal de son rang ou de l’argent qu’il possédait. Mais quand vint le choix de sa faction, il se posa tout de même quelques questions. Certes il était un altruiste sans nul doute, mais il était aussi un érudit, formé depuis son enfance. Question de choix… Et son choix partit vers les altruistes, parce que c’était celui qu’il était aujourd’hui, celui qu’il voulait être.
Caleb choisit donc les altruistes pour entamer sa dernière année avant de faire sa grande entrée dans la vie active.